• Label : un petit nouveau plus sérieux qu' AB...

    Un nouveau logo pour les produits issus de l'agriculture biologique française apparaîtra bientôt dans les rayons. Celui de Bio Cohérence, marque lancée le 12 avril dernier, à l'initiative de la Fédération Nationale de l'Agriculture Biologique.

    L'idée d'une nouvelle marque française a commencé à germer au sein de la Fédération Nationale de l'Agriculture Biologique (FNAB) en 2007, alors que le cahier des charges du label bio européen était en cours de révision. La Commission a en effet retiré aux États membres le droit de compléter ce cahier des charges européen par des réglementations nationales plus contraignantes, jugeant que celles-ci entravaient les échanges commerciaux sur le territoire communautaire. Dès le 1er janvier 2009, les seuls états membres à s'être dotés de règles nationales supplémentaires, la Belgique, le Danemark, la Norvège et la France (avec son label national AB), ont donc revu a minima les critères d'obtention de leurs labels respectifs. De sorte qu'aujourd'hui, le label français AB et le label de l'agriculture biologique européen sont peu ou prou équivalents.


    Mais une large majorité  des producteurs bio français ont refusé l'abandon de leurs spécificités hexagonales. 10 000 producteurs, sur les 15 000 que compte la France, se sont donc regroupés avec d'autres acteurs de la filière (notamment les distributeurs Biocoop et BioMonde et l'association Bioconsom'acteurs), au sein de l'association AlternativeBio2009, créée spécifiquement pour élaborer cette nouvelle marque. Après une année de concertations, les critères sont aujourd'hui arrêtés. Comme l'explique Dominique Técher, viticulteur membre de la FNAB et président de Bio Cohérence (association gestionnaire de la marque), « l'engagement des adhérents, qu'ils soient producteurs, transformateurs ou distributeurs, repose sur trois niveaux. D'abord, le respect du cahier des charges européen, condition sine qua non à l'obtention de la marque. Ensuite, le respect d'un cahier des charges supplémentaire, que nous avons élaboré, et qui reprend l'ancienne réglementation française à laquelle nous avons ajouté quelques points qui nous semblaient incontournables. Enfin, les adhérents s'engagent dans une dynamique de progrès, par la signature d'une charte et la réalisation d'un auto-diagnostic. »

    Plue value essentielle de Bio Cohérence, le cahier des charges supplémentaire contient une soixantaine de contraintes, dont notamment l'interdiction totale des OGM, l'obligation de convertir l'intégralité de l'exploitation à l'agriculture biologique – même si seulement une part de la production est dédiée à ce marché -, produire au minimum 50% de l'alimentation animale consommée sur l'exploitation et limiter les traitements vétérinaires.

    Les pouvoirs publics doublés par les initiatives privées

    Le label AB s'apprête donc à accueillir un sérieux concurrent. Si les deux logos ne sont pas incompatibles, le dernier-né garantit néanmoins davantage de qualité, à la fois en termes sociaux et environnementaux. Pour Dominique Técher, l'arrivée d'une nouvelle marque privée (aux côtés, notamment, de Nature et Progrès, ou de Déméter), témoigne d'une évolution culturelle positive :

    « En France, l'héritage de la centralisation est encore très puissant, de sorte que nous sommes en retard par rapport à certains pays européens, où il existe des marques privées très efficaces. » Effectivement, en Grande Bretagne et en Suisse, 80% à 90% des aliments bio consommés sont estampillés d'une marque privée (respectivement Soil Association et Bourgeon). Et depuis la révision du règlement européen, des initiatives similaires à celle de la FNAB sont à l'œuvre en Belgique et au Danemark.

    Répondre à l'offensive de la grande distribution

    Mais pour les fondateurs de Bio Cohérence, il ne s'agit pas seulement de préserver la qualité du bio français. Depuis l'entrée de la grande distribution sur le secteur, les marques et logos en tout genre ne cessent de fleurir dans les rayons des grandes surfaces.

    Surfant sur la vague de la consommation responsable, les géants de la distribution alimentaire commercialisent des produits qui ne respectent pas systématiquement des critères sociaux et environnementaux ambitieux. Pour Dominique Marion, président de la FNAB, « la grande distribution est dans un objectif de massification constante, elle ira donc chercher le bio là où il sera le moins cher. »

    Une stratégie parfois incompatible avec un niveau de qualité élevé. Bio Cohérence entend donc se positionner comme un repère pour le consommateur, un gage de qualité et de respect de tous les acteurs de la filière. D'ailleurs, les acteurs de la grande distribution ne se sont pas, pour l'heure, montrés intéressés par la démarche de Bio Cohérence, de sorte que la marque devrait d'abord apparaître dans les petits circuits de distribution.

    Quant au risque de faire fuir les consommateurs en apposant un énième logo sur les emballages, les fondateurs de Bio Cohérence comptent l'écarter en communicant sur la valeur ajoutée de leur marque. « Il s'agit aussi de savoir vers quelle agriculture biologique nous voulons aller. Ce logo symbolise un acte d'achat réfléchi. »

    Anne Farthouat
    Mis en ligne le : 13/04/2010
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